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  • CONFLIT PECHINEY

    SAINT-BEAT

    LE CONFLIT PECHJNEY

     Ce vendredi 22 juillet, les ouvriers de PEM Marignac se sont réunis au festival du marbre de Saint-Béat devant la  stèle du sculpteur Gilbert FRISON. Par ce geste  ils affichent leur détermination face à l’intransigeance des élus de la communauté des communes.

    Cette sculpture traduit bien le travail pénible qu’était le métier de fondeur. Le réalisme traduit par ce sculpteur a rappelé de nombreux souvenirs aux présents.

    Laurent Pouy,  avec le talent qu’on lui connait,  a demandé à tous les anciens salariés de rester  unis au sein de l’amicale  de Péchiney.

    Voici son intervention :

    « Nous venons remercier M Gilbert FRISON, sculpteur, pour son œuvre qui met si bien en valeur le travail des salariés de Marignac.

    Il y a l’usine certes, mais une usine sans salariés, des bâtiments déserts sans âme, en un mot des ruines, car, c’est bien tous les salariés, qu’ils soient de PEM où des sous-traitants qui par leur labeur ont fait que l’usine de Marignac soit devenue le poumon économique de toute la région. Le devoir de mémoire leur est dû.

    Voilà  maintenant, grâce a cette sculpture, leurs efforts  gravés dans le marbre.

    Les salariés sont pleinement persuadés que ce fondeur s’inscrit dans le cadre du  local du CE de Marignac . où ils peuvent joindre l’amicale dans son siège  social.

    On peut constatJer  aujourd’hui avec un peu de recul que Pechiney a cassé l’outil de travail des salariés et a supprimé les revenus y afférant. Les plans de reconversions, les compensations et toutes les belles promesses n’ont été que poudre aux yeux et n’ont fait rêver que ceux qui voulaient y croire.

    Les problèmes de pollution, de santé et d’environnement restent toujours en suspens. PEM est parti, les afflictions restent.

    L’amicale socio-culturelle par ses actions à l’encontre de la société PEM fait appel à toutes les bonnes volontés  et leur demande de rester vigilants afin de veiller aux intérêts des salariés et pouvoir enfin faire avancer les dossiers. »

     Fernand et le sculpteur G FRISON et les salariés devant le fondeur

     

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  • Mon 14 Juillet

    Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr

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    En défense d'Eva Joly: leur 14-Juillet et le

    nôtre

    Par Edwy Plenel

    Article publié le dimanche 17 juillet 2011

    Les pertinentes déclarations d'Eva Joly sur le 14-

    Juillet, qu'il faudrait démilitariser afin de le rendre

    au peuple, ont provoqué un double tollé. Celui de

    la droite extrême aujourd'hui au pouvoir qui dévoile,

    une nouvelle fois, sa dérive xénophobe en criant

    haro sur l'étrangère. Mais aussi celui de la gauche

    socialiste qui, avant de s'en solidariser face aux

    attaques, s'est empressée de critiquer la candidate

    écologiste caricaturée en naïve irresponsable. Retour

    sur un moment révélateur.

    Bientôt, si notre vie publique continue de dévaler la

    pente à ce rythme, coincée entre une droite égarée

    qui assume sa xénophobie et une gauche frileuse

    qui oublie sa propre histoire, il deviendra subversif

    de chanter Georges Brassens. Par exemple, « La

    mauvaise réputation » qui donnait son nom au premier

    album du chanteur en 1952 et dont la deuxième

    strophe invite à flemmarder le jour du 14-Juillet, par

    résistance passive aux automatismes guerriers et aux

    conformismes nationalistes :

    Le jour du Quatorze Juillet

    Je reste dans mon lit douillet.

    La musique qui marche au pas,

    Cela ne me regarde pas.

    Je ne fais pourtant de tort à personne,

    En n'écoutant pas le clairon qui sonne.

    Mais les braves gens n'aiment pas que

    L'on suive une autre route qu'eux,

    Non les braves gens n'aiment pas que

    L'on suive une autre route qu'eux,

    Tout le monde me montre du doigt

    Sauf les manchots, ça va de soi.

    Murés dans leurs certitudes recuites, indifférents à la

    vitalité et à la beauté du monde, haineux, peureux ou

    frileux, ces « braves gens » qui « n'aiment pas que l'on

    suive une autre route qu'eux » sont de retour. Ils sont

    habités par la peur, peur de l'inédit, peur de l'imprévu,

    peur du changement. Peur de l'étranger bien sûr, mais

    aussi des voisins et des gamins, de tout ce qui ne leur

    ressemble pas, du différent et du dissident.

    Ces « braves gens »-là n'ont pas de nationalité. Ils

    sont de partout, témoignant de ces temps où règnent

    encore la soumission et l'abêtissement. C'est d'ailleurs

    pourquoi la chanson du libertaire Brassens a fait le

    tour du monde et des langues. En 1969, elle valut à

    Paco Ibáñez, qui était cette semaine l'invité des Suds

    à Arles dont Mediapart est partenaire, d'être interdit

    de séjour dans l'Espagne du dictateur Franco :

    Notre France, telle qu'elle est vraiment et telle qu'elle

    vit réellement, abrite aussi une version en créole

    de « La mauvaise réputation», bras d'honneur de

    nos lointains, d'outre-mer et de créolisation, aux

    mesquineries nationalistes et aux aigreurs racistes.

    Elle est du formidable Réunionnais Daniel Waro :

    De Brassens à Waro, en passant par Ibáñez, nous

    dédions ces manifestes chantés à Eva Joly qui, cette

    semaine, a bien mérité de la République française,

    en a défendu l'honneur et la grandeur. Eva Joly,

    notre compatriote d'origine étrangère, l'une de ces si

    nombreux Français et Françaises venus d'ailleurs qui,

    comme ce fut le cas en d'autres époques sombres ou

    détestables, de la Commune de Paris à la Résistance au

    nazisme, savent parfois bien mieux ce qu'est vraiment

    la France que les prétendus Français dits de souche.

    Nous sommes donc totalement à ses côtés, et allons

    en détailler les raisons, quitte à partager avec elle le

    sort promis par les « braves gens » à nos mauvaises

    réputations :

    Pas besoin d'être Jérémie,

    Pour deviner le sort qui m'est promis,

    S'ils trouvent une corde à leur goût,

    Ils me la passeront au cou,

    Je ne fais pourtant de tort à personne,

    En suivant les chemins qui ne mènent pas à Rome,

    Mais les braves gens n'aiment pas que

    L'on suive une autre route qu'eux,

    Non les braves gens n'aiment pas que

    L'on suive une autre route qu'eux,

    Tout le monde viendra me voir pendu,

    Sauf les aveugles, bien entendu.

    Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr

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    Rendre le 14-Juillet au peuple

    Pour le 14-Juillet, les « braves gens » qui nous

    gouvernent, de François Fillon à Henri Guaino,

    en passant par Valérie Pécresse (voir ou lire leurs

    déclarations respectives en cliquant sur leurs noms),

    en redemandent donc, « de la musique qui marche

    au pas », du clairon et du flonflon en uniforme, du

    défilé martial, des chars et des canons, des blindés

    et des bombes, des engins meurtriers et des chairs à

    canon. Peu leur importe que la France soit la seule

    démocratie à pratiquer le jour de sa fête nationale

    ce genre de réjouissances, réservées tout autour de

    nous aux seuls pays dictatoriaux ou autoritaires. Peu

    leur importe donc que nous partagions cette exception

    avec la Corée dynastique des Kim, la Chine du parti

    unique, la Russie à peine désoviétisée, le Cuba des

    frères Castro, les dictatures arabes chancelantes, etc.

    La France ne pourrait-elle se fêter autrement ? Ne

    pourrait-elle se reconnaître dans un 14 juillet rendu

    à ses origines de révolte populaire – la prise de la

    Bastille, le 14 juillet 1789 – ou de fête républicaine

    – la Fête de la fédération, le 14 juillet 1790 –

    plutôt qu'un 14-Juillet confisqué par l'imaginaire le

    plus pauvre ? Car que signifie, au XXIe siècle, sur

    le continent dont les déchirements furent à l'origine

    de deux guerres mondiales, se célébrer comme une

    nation guerrière sinon exprimer une terrifiante peur

    du monde et de l'avenir ? N'aurions-nous pas d'autres

    symboles pour nous rassembler que la guerre et

    ses professionnels, ses conflits et ses drames, ses

    armées et ses armes, inséparables, l'oublierait-on

    malgré l'actualité chroniquée par Mediapart, de leurs

    marchands corrompus et leurs trafics occultes (lire

    ici, là et encore là les trois premiers volets de nos

    révélations sur les documents Takieddine) ?

    Même nos militaires, qui, aujourd'hui, à force d'être

    projetés tout autour de la planète dans des conflits qui

    leur échappent, apprennent plus des autres peuples et

    des autres cultures que nos pauvres politiques repliés

    sur leur réduit hexagonal, comprendraient aisément

    qu'on réinvente la Fête nationale. Une fête qui

    célébrerait vraiment cette République « démocratique

    et sociale » que proclament nos textes fondamentaux.

    Une fête qui ne serait pas cette instrumentalisation

    des servitudes militaires au service de l'oligarchie

    régnante, mise en scène de la privatisation de la

    puissance plutôt que célébration d'une nation fière de

    ce qui la réunit.

    Un 14-Juillet qui proclamerait à la face du monde

    cette République française qui ne fait pas de différence

    entre ses citoyens d'où qu'ils soient et d'où qu'ils

    viennent, assurant l'égalité devant la loi de tous « sans

    distinction d'origine, de race ou de religion », comme

    le précise le préambule de notre Constitution. Une

    fête qui défendrait cette République que trahissent les

    délinquants constitutionnels de l'actuel gouvernement

    dont le seul projet d'avenir est la chasse à l'étranger,

    non seulement de l'étranger qui menace d'arriver

    mais, désormais, de l'étranger parmi nous, du Français

    « d'origine étrangère » désormais officiellement

    stigmatisé, du Français « binational » dorénavant

    montré d'un doigt d'infamie, du Français douteux voué

    aux gémonies de l'anti-France.

    Oui, rendre le 14-Juillet au peuple, dans toute sa

    diversité, de milieux, d'âges et d'origines : Eva Joly

    n'a rien dit d'autre, et ses propos sont de bon sens.

    « J'ai rêvé que nous puissions remplacer ce défilé

    (militaire) par un défilé citoyen où nous verrions les

    enfants des écoles, où nous verrions les étudiants,

    où nous verrions aussi les seniors défiler dans le

    bonheur d'être ensemble, de fêter les valeurs qui nous

    réunissent. » Ces simples mots, ces mots simples

    seraient donc un crime ! Pis, le crime d'une étrangère

    qui n'aurait qu'à retourner dans sa Norvège natale !

    D'une binationale qu'il faudrait d'urgence déchoir de

    sa nationalité comme le fit le régime de Vichy, à peine

    installé, pour tous ces mauvais Français qui, dans un

    sursaut patriotique, avaient su lui dire non, d'emblée,

    de Charles de Gaulle à Pierre Mendès France.

    Donc, Eva Joly a d'abord raison sur le fond, proposant

    autour de ce symbole de la Fête nationale un nouvel

    imaginaire de la France, d'une France rassemblée et

    pacifiée, en paix avec le monde et avec elle-même.

    En ce sens, elle exprime ce que pourrait être notre

    France, une France relevée de sa déchéance sarkozyste

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    et élevée à la hauteur de sa promesse républicaine : une

    France qui assume son origine étrangère, une France

    qui reconnaît son histoire populaire.

    Notre France est d’origine étrangère

    Ce n'est pas seulement une provocation pour la pensée,

    par ces temps de xénophobie officielle et de racisme

    banalisé, que d'affirmer ceci : la France est d'origine

    étrangère. Si, à rebours des préjugés idéologiques

    qui inventent une France imaginaire, immobile et

    éternelle, l'on veut bien admettre qu'une nation, c'est

    d'abord une histoire mouvante, celle que tisse son

    peuple par ses actions dans un espace géographique,

    alors, oui, notre France est bien d'origine étrangère.

    Tout simplement, parce qu'elle n'aurait pas été sauvée,

    après l'effondrement national face au nazisme, sans le

    secours de peuples étrangers.

    Car c'est un fait trop peu rappelé : le pari fou du

    général de Gaulle en 1940, d'incarner la France depuis

    l'étranger, n'aurait pas réussi sans une force militaire

    qui lui permit d'installer notre pays à la table des

    vainqueurs quand la compromission avec l'occupant

    de la majorité de ses élites l'aurait logiquement placé

    à celle des vaincus. Or, selon un recensement officiel

    au 31 juillet 1943, quelle était la composition de ces

    Forces françaises libres ? Sur l'ensemble des FFL,

    on comptait alors 66% de soldats coloniaux, 16%

    de légionnaires pour la plupart étrangers et, selon

    les termes d'époque qui, hélas, font retour, seulement

    18% de « Français de souche ». Indépendamment

    de la Résistance intérieure où les étrangers, des

    FTP-MOI (pour « Main-d'oeuvre immigrée ») aux

    Républicains espagnols, étaient déjà en nombre, les

    troupes militaires qui ont permis cette restauration

    républicaine dont Charles de Gaulle reste, pour

    l'histoire, le symbole venaient à plus de 80% des

    ailleurs coloniaux et des lointains étrangers.

    « On ne pourra pas oublier que j'ai accueilli tout

    le monde », confiait le général de Gaulle à André

    Malraux dans leur conversation crépusculaire dont

    rendait compte en 1971 Les Chênes qu'on abat..., après

    que son interlocuteur lui eut rappelé qu'il fut à la tête

    d'une sorte de « Légion étrangère », oui, étrangère.

    Tout le monde donc, sans aucune distinction. Face

    à ceux qui, aujourd'hui, s'en réclament indûment en

    s'en prétendant les héritiers alors qu'ils en sont les

    liquidateurs, il faudrait aussi relever le gaullisme.

    Ce gaullisme des Compagnons de la Libération dont

    l'ordre, créé le 16 novembre 1940, ne prévoit aucun

    critère non seulement d'âge, de sexe, de grade, mais

    aussi d'origine ni même de nationalité. De fait,

    15% d'entre eux sont nés hors de métropole, soit

    dans les anciens territoires coloniaux français, soit à

    l'étranger, et l'on compte vingt-cinq nationalités parmi

    ces libérateurs ayant reçu un morceau de la vraie croix

    gaulliste.

    La chasse obsessionnelle à l'immigré et à l'étranger

    n'est pas seulement une négation de l'histoire humaine

    du peuple français dont la spécificité en Europe est

    d'avoir été nourri de brassages et de déplacements, de

    migrations intérieures et d'immigrations extérieures.

    C'est aussi nier l'histoire politique d'une nation

    républicaine qui s'est inventée, ressourcée et défendue

    par le détour du monde, de sa relation au monde, de ses

    liens avec d'autres peuples, d'autres cultures, d'autres

    continents.

    La dérive actuelle qui, pour la première fois depuis

    les années 1930, fait resurgir une droite extrémisée,

    faisant de la peur ou de la haine de l'étranger son fonds

    de commerce marécageux, ne menace pas seulement

    nos valeurs républicaines. Elle met en péril la France

    elle-même, parce que celle-ci n'existe pas sans cette

    imbrication au monde. Incapable de réinventer la

    France dans un monde postcolonial où la relation ne

    serait plus de domination, où l'ailleurs ne serait pas

    donné par la possession, où l'autre serait enfin un

    égal, ces apprentis sorciers préfèrent tourner le dos au

    monde.

    Il ne suffit pas de dénoncer leurs crimes contre la

    République, ses valeurs et ses principes. Encore fautil

    contre-attaquer, assumer sans crainte cet imaginaire

    supérieur, seul capable d'éteindre leurs incendies et

    de submerger leurs haines. Ce chemin, c'est celui de

    la curiosité, de l'envie et du goût du monde, de ses

    rencontres et de ses retrouvailles, de ses fraternités

    et de son hospitalité. Nous défendrons donc, comme

    Eva Joly et comme bien des Français qui savent,

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    par leurs propres itinérances, curiosités personnelles

    ou déplacements familiaux, ce que leur pays doit au

    monde, la France de l'étranger.

    Cette France dont le patriotisme est un

    internationalisme. Cette France des « Etranges

    étrangers » que chantait Jacques Prévert et qu'à

    l'époque de son poème, en 1953, on ne laissait venir

    « dans la capitale que pour fêter au pas cadencé la

    prise de la Bastille le quatorze juillet ». Ecoutez donc

    Prévert :

    Vidéo disponible sur mediapart.fr

    L’histoire populaire de la République

    Cette France qui assume son origine étrangère est aussi

    celle qui assume son histoire populaire. L'institution

    du 14 juillet comme jour de la Fête nationale n'a

    rien à voir avec une démonstration militaire et tout

    à voir avec la restauration républicaine. Comme l'a

    rappelé récemment Antoine Perraud sur Mediapart

    (lire ici son article), la loi du 6 juillet 1880 ayant

    pour article unique « La République adopte le 14

    juillet comme jour de fête nationale annuelle »

    fut méchamment combattue par les conservateurs

    de l'époque qui ne toléraient pas ce rappel des

    événements révolutionnaires, d'insurrection et de

    fondation populaires.

    Les républicains opportunistes qui venaient tout juste

    de conquérir l'ensemble des leviers du pouvoir, avec la

    présidence de Jules Grévy succédant au royaliste Mac-

    Mahon, ne s'en sortirent qu'en ajoutant à l'évocation

    de la prise de la Bastille en 1789 celle de la Fête de la

    fédération. Tenue un an plus tard, le 14 juillet 1790,

    cette journée-là « n'a coûté ni une goutte de sang ni

    une larme », soulignera pour apaiser la querelle le

    rapporteur au Sénat de la loi sur la Fête nationale,

    érigeant cette date en « symbole de l'union fraternelle

    de toutes les parties de la France et de tous les citoyens

    français dans la liberté et l'égalité ».

    Il s'agit donc, dans ce moment de refondation

    républicaine dont les grandes lois scolaires de

    1881-1882 seront l'accélérateur décisif, d'installer

    durablement la République face aux conservateurs

    qui ne l'acceptent toujours pas. Rien n'est encore

    définitivement acquis et le siège des pouvoirs publics

    n'a quitté Versailles, où il était installé depuis 1871,

    pour Paris qu'en 1879. Le souvenir de la Commune

    de Paris, où le peuple ouvrier fut massacré par les

    Versaillais – 20.000 morts au bas mot et près de

    10.000 déportations – qui avaient préféré pactiser

    avec l'Allemagne par peur de la révolution sociale,

    imprègne ce débat de 1880 sur le 14 juillet. A tel

    point que, quatre jours après l'adoption de la loi sur

    la Fête nationale, le Parlement vote l'amnistie pour les

    condamnés de la Commune.

    Les deux faits sont liés : la Fête nationale à la date

    anniversaire de la prise de la Bastille et la réintégration

    des Communards proscrits dans la vie publique. Dans

    l'imagerie qui témoigne de ce premier 14-Juillet, le

    retour annoncé des Communards est omniprésent, par

    exemple dans cette lithographie anonyme où Marianne

    porte un bonnet phrygien, attribut révolutionnaire

    qui, officiellement, est encore interdit, depuis une

    circulaire de 1872. Or, en arrière-plan à gauche, on

    distingue le bateau La Loire qui assure la liaison

    avec la Nouvelle-Calédonie et, donc, le « retour des

    absents », c'est-à-dire des communards déportés parmi

    lesquels l'exceptionnelle Louise Michel.

    C'est donc bien le peuple que l'on fête, ses conquêtes

    et ses défaites, ses retrouvailles et ses espérances.

    Contrairement à ce qu'affirme aujourd'hui l'ignorance

    officielle, le défilé militaire n'est pas au centre de

    cette première Fête nationale. Certes, à Paris, est mise

    en scène la distribution par le pouvoir républicain

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    de ses « nouveaux drapeaux » à l'armée, scène

    qu'immortalise sur un mode naïf la lithographie cidessus.

    Mais, ici, la symbolique explicite est loin

    d'une démonstration de force ou de puissance : l'armée

    est invitée à manifester publiquement sa loyauté au

    pouvoir civil. Cela allait encore si peu de soi qu'à

    Angers, par exemple, département conservateur, la

    revue militaire sera supprimée en raison des réticences

    de l'armée et que la municipalité républicaine fera

    imprimer une affiche rappelant ce qui n'était pas

    tout à fait une évidence : « La République est le

    gouvernement légal du pays ».

    De fait, en dehors de l'exception parisienne, le

    programme officiel de la Fête nationale du 14 juillet

    1880 non seulement ne contient aucune référence

    militaire mais est extrêmement proche de ce 14-

    Juillet citoyen imaginé par Eva Joly : « Distribution

    de secours aux indigents. Grands concerts au

    jardin des Tuileries et au jardin du Luxembourg.

    Décorations de certaines places... Illuminations, feux

    d'artifices, fêtes locales, décorations trophées, arcs

    de triomphe... ». Tel fut le premier 14-Juillet de la

    République : l'affirmation généreuse du peuple face

    aux mesquineries des puissants.

    L'envie démange, dès lors, de faire de nos gouvernants

    égarés les Versaillais d'aujourd'hui. N'exploitent-ils

    pas la haine de l'étranger par peur du peuple, comme

    une manoeuvre de diversion et une machine de

    division ? La circulation incontrôlée des capitaux, la

    finance sans frontières, les paradis fiscaux, les trafics

    et les corruptions d'un monde dont l'argent est la seule

    valeur, rien de tout cela ne les effraie puisqu'ils en

    sont les gardiens et les profiteurs. En revanche, ce

    sont les humanités dans leur diversité et leur richesse

    qui les inquiètent, tout simplement parce qu'elles sont

    porteuses des espérances populaires. L'étranger qu'ils

    craignent et redoutent, ce n'est rien d'autre que le

    peuple.

    A la veille du 14 juillet 1880, un sénateur, dont

    l'amnistie pour les Communards fut le dernier

    combat, l'énonça avec ce lyrisme propre aux grandes

    espérances. Il se nommait Victor Hugo, et nous lui

    devons cette affirmation que, sous le 14-Juillet de la

    République française, « il n'y a plus d'étrangers ».

    « Messieurs, le 14-Juillet est une fête, déclara

    Victor Hugo à la tribune du Sénat le 3 juillet

    1880 (l'intégralité du discours est sous l'onglet

    « Prolonger »). Quelle est cette fête ? Cette fête est

    une fête populaire. Voyez la joie qui rayonne sur tous

    les visages, écoutez la rumeur qui sort de toutes les

    bouches. C'est plus qu'une fête populaire, c'est une

    fête nationale. Regardez ces bannières, entendez ces

    acclamations. C'est plus qu'une fête nationale, c'est

    une fête universelle. Constatez sur tous les fronts,

    anglais, espagnols, italiens, le même enthousiasme ; il

    n'y a plus d'étrangers. »

    Pour une gauche n'ayant plus peur d'elle-même

    Extraordinaire leçon civique que cette querelle du

    14-Juillet ! Tandis que la droite ne connaît plus la

    France, l'oublie et la défigure, une certaine gauche

    ne se connaît plus elle-même. Avant de voler à son

    secours face aux attaques xénophobes du pouvoir,

    plusieurs représentants du Parti socialiste se sont

    en effet empressés de moquer Eva Joly, sa naïveté

    et son irresponsabilité supposées. Deux candidates

    à la primaire socialiste, Martine Aubry et Ségolène

    Royal, ont commencé par critiquer ses propositions

    sur une démilitarisation du 14-Juillet, la première

    en déclarant : « Bien évidemment, ce n'est pas

    acceptable, ça n'a même pas de sens », la seconde en

    affirmant que la candidate écologiste était « plus douée

    pour lutter contre la corruption que pour improviser

    des déclarations ». Propos redoublés par un éditorial

    de Laurent Joffrin, sur le site du Nouvel Observateur,

    traitant Eva Joly de « naïve inconséquente (qui) aurait

    mieux fait, ce jour-là, d'aller s'occuper de son jardin

    bio ».

    On renverra ces leaders socialistes à la démonstration

    qui précède, tant eux aussi auraient bien besoin

    d'un ressourcement aux origines de la République,

    à sa vitalité et à son audace. Mais ce qui frappe

    dans ces premières réactions, rapidement occultées

    par l'offensive de la droite, c'est leur morgue de

    professionnels s'adressant à un amateur : nous, nous

    savons ce qui est sérieux, ce qui a du sens ; nous, nous

    n'improvisons pas des déclarations ; nous, nous ne

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    lançons pas d'idées saugrenues. Comme s'il n'y avait

    pas, dans la réflexion d'Eva Joly, des interrogations

    légitimes concernant toute la gauche ? Comme si, plus

    précisément, la corruption au coeur de la République

    n'était pas sans lien avec cet imaginaire de la puissance

    identifié aux questions militaires et, donc, aux ventes

    d'armes dont la France est le quatrième champion

    mondial ?

    Sans doute anecdotique, mais néanmoins significatif,

    cet épisode illustre notre alerte récente à destination

    d'un Parti socialiste trop sûr de lui, sans audace ni

    altérité, autre que défensive face à la droite (lire

    ici notre précédent parti pris). Ce conformisme,

    dont le calcul politicien et la prudence électorale

    sont le ressort, n'est décidément pas à la hauteur de

    l'époque, de ses défis et de ses risques. Il amenuise et

    éloigne l'horizon d'une gauche de sursaut social et de

    refondation républicaine, au lieu d'en convoquer toute

    la tradition, dans sa diversité et sa richesse.

    De quoi ont-ils peur, à leur tour, pour s'empresser, au

    détour de cette dispute du 14-Juillet, de condamner

    sans nuances l'antimilitarisme, en oubliant que

    ce fut, aussi, l'histoire du mouvement ouvrier ?

    L'antimilitarisme n'est aucunement la désertion de la

    chose militaire ou de la défense nationale, mais le refus

    d'une politique militarisée, dévorée par l'esprit guerrier

    et détournée de la paix civile. Quand, par exemple,

    dans les années 1930, Jacques Prévert et le Groupe

    Octobre composent « Marche ou crève», c'est pour

    refuser une armée de guerre sociale où le travailleur

    est dépossédé de son histoire et de ses intérêts.

    Moi j'suis pêcheur dans l'Finistère

    Explique-moi pourquoi je tirerais

    Sur un mineur du Pas-de-Calais

    Tous les travailleurs sont des frères

    Faut pas nous laisser posséder

    On ne construit pas l'avenir dans l'oubli du passé et,

    certainement pas, de ce passé plein d'à présent. De

    Georges Brassens à Jacques Prévert, en passant par

    Boris Vian, tout un imaginaire poétique et chansonnier

    nous rappelle ce que fut cette gauche de principe dont,

    aujourd'hui, nous avons urgemment besoin. Le Boris

    Vian qui se moquait du défilé – « On n'est pas là

    pour se faire engueuler »– et de la conscription – «

    Allons z'enfants» – est aussi l'auteur du « Déserteur »,

    chanson que toutes les jeunesses fréquenteront un jour

    tant elle est un hymne à la liberté de conscience. Passée

    de voix en voix de par le monde, chantée aussi bien par

    Mouloudji, Juliette Gréco, Serge Reggiani que Johnny

    Hallyday, Renaud, Joan Baez, Peter, Paul and Mary,

    etc., cette adresse aux puissants de toujours symbolise

    évidemment la France, celle que louait Victor Hugo,

    une France qui parle au monde, une France qui vit le

    monde.

    Les Boris Vian d'aujourd'hui sont rappeurs, slammeurs

    ou rockeurs et, comme celui d'hier, sont poursuivis par

    les autorités et voués aux gémonies. Mais, à la fin, ils

    finissent toujours par l'emporter contre ces importants

    qui ne cessent de casser le monde avec leurs marteaux

    pesants. « Ils cassent le monde» est l'un des poèmes du

    recueil Je voudrais pas crever, paru en 1962, l'année

    de la fin de la guerre d'Algérie, trois ans après la

    disparition de Vian. Nul hasard si, de nos jours, il a été

    repris en chanson par Jean-Louis Aubert…

    Sur mediapart.fr, une vidéo est disponible à cet endroit.

    Ils cassent le monde

    En petits morceaux

    Ils cassent le monde

    A coups de marteau

    Mais ça m'est égal

    Ça m'est bien égal

    Il en reste assez pour moi

    Il en reste assez

    Il suffit que j'aime…

    Et si c'était là la vérité de cette querelle du 14-Juillet?

    Les détracteurs d'Eva Joly ne savent tout simplement

    plus aimer la France. Telle qu'elle est. Telle qu'elle vit.

    Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr

    7/7

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  • Conflit PECHINEY

     CONFLIT PECHINEY

    Communiqué

    Les membres de l'association Socio-Culturelle de PEM se sont réunis pour donner une suite à leur demande concernant le local du CE.

    Ce communiqué doit passer sur le Petit Journal.

    MARIGNAC

    APPEL  A  LA  SOLIDARITE

    Communiqué de l’Amicale Socio-Culturelle de Pechiney Electrométallurgie de Marignac, siège social Local du C E  -PEM MARIGNAC 21, Rue des usines 31440 MARIGNAC.

    Les membres de L’association appellent toute la population du Comminges  à  soutenir  les diverses actions que les anciens de Pechiney comptent entreprendre.

    En effet les diverses  tentatives de conciliation avec les responsables de la Communauté des Communes du Canton de Saint-Béat,  pour pouvoir disposer d’une salle de réunion et d’un bureau dans notre siège ( Local C E MARIGNAC-PECHINEY) sont à ce jour sans réponse et le temps presse car beaucoup de dossiers  sont en attente ( Maladies professionnelles, Chômeurs, Travail précaire…..).

    Pour faire valoir nos droits, une action en justice est envisagée envers la Société Pechiney. Des fonds sont nécessaires. Nous appelons toutes les associations, syndicats etc.… à nous soutenir financièrement.

    Pour ce, d

    Devant leur ancien local Amicale des anciens de P-chiney.JPG

    iverses actions sont envisagées :  une pétition de soutien avec la population, des contacts avec les associations et les syndicats, une réunion publique pour information.

    Pour nous soutenir financièrement :

    Amicale  Socio-Culturelle P E M Marignac

    Siege Local C E de  P E M

                                             Rue des Usines  MARIGNAC 31440

                                             Libellé du chèque à :  Amicale Socio-Culturelle PEM MARIGNAC